La Chine des 9,4% de croissance a également fermé les yeux trop longtemps sur la dégradation de son environnement, un sujet considéré jusqu’à récemment comme secondaire par rapport à l’objectif principal du développement. La pollution qui se développe dans les grandes villes, la dégradation de la qualité de l’eau, les conflits qui naissent régulièrement autour des grandes installations industrielles, ont déjà alerté les responsables du pays.
Mais on a encore vu dans cette catastrophe de la Songhua que l’agence environnementale chinoise, la SEPA, n’est qu’un tigre en papier, incapable de faire entendre sa voix ou de peser réellement sur les choix. Il y a un réel lobby environnementaliste au sein du pouvoir chinois, qui a réussi à faire passer quelques objectifs ambitieux comme le développement des énergies renouvelables ; mais il y a encore un long chemin à accomplir pour réaliser l’un des slogans actuels en faveur d’un « PIB vert », une croissance du produit industriel brut respectueuse de l’environnement.
La Chine fait son apprentissage de certaines questions qui se réglaient autrefois de manière autoritaire et secrète. Mais dans une société théoriquement plus ouverte, il y a encore trop d’intérêts personnels et politiques en jeu pour que la transparence soit réellement possible. D’autres catastrophes sont donc à craindre avant que la Chine ne s’attaque concrètement au coût de sa folle croissance, pour elle et aussi pour les autres.
Pierre Haski pour Libération