Harbin chine: Catastrophe ecologique et humaine

Date 27/11/05 | Sujet : Autre média

Fleuve pollué Harbin
Catastrophe écologique et humaine à Harbin chine. L'une des plus grandes villes chinoises paie le prix fort du développement économique de la Chine, avec une fuite de benzene dans le fleuve qui la traverse.
Dans la course effrénée au développement, la nature est sacrifiée. Quel contre pouvoir pourra juguler ce développement ?
Dans un pays où le capitalisme a trouvé le terreau idéal à son essor. Un appareil d'Etat qui contrôle tout, et un très fort patriotisme, font de la chine, la prochaine grande puissance mondiale,mais à quel prix ?
Décidemment, nous vivons vraiment une époque formidable !!!!
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Dans sa course effrénée au rattrapage de son retard économique, la Chine n’a guère le temps de s’intéresser aux « détails » : la santé publique, l’environnement, la sécurité industrielle… Il faut des catastrophes comme celle qui touche actuellement l’extrême nord du pays pour tirer la sonnette d’alarme, avec l’espoir que des leçons seront tirées.
La pollution au benzène du fleuve Songhua a tous les éléments d’un drame déjà-vu : une catastrophe industrielle dont on cache les effets potentiellement meurtriers à la population, les rumeurs, la panique, et finalement une mobilisation de tous les efforts pour rétablir la situation. Ce scénario rappelle en accéléré celui du Sras, l’épidémie de pneumopathie atypique il y a trois ans ans, avec un mensonge initial qui a provoqué une crise politique avant un virage à 180° pour résoudre le problème. Un scénario que Pékin tente actuellement d’éviter avec la grippe aviaire.
Les responsables du complexe pétrochimique de Jilin, au sud de Harbin, sont aujourd’hui montrés du doigt pour avoir caché la vérité après l’explosion accidentelle qui s’est produite sur leur site début novembre. Il a fallu dix jours pour qu’ils admettent que du benzène s’était bien échappé dans la Songhua, mettant en péril la vie de millions de personnes en aval. Dans une critique d’une rare virulence, le quotidien officiel China Daily accuse les responsables de l’entreprise de cette tentative de camouflage de la vérité sans doute destinée à éviter de payer des compensations financières et « parce qu’ils étaient effrayés de perdre la face »… Et il espère que d’autres camouflages de ce genre ne se renouvelleront pas.
Ce n’est pourtant pas la seule leçon à tirer de cette catastrophe. La Chine des 9,4% de croissance a largement négligé jusqu’ici la question de la sécurité industrielle, comme le montre par exemple le bilan désastreux des catastrophes minières : quelque 20000 morts par an pour assurer l’approvisionnement de la machine économique. Il a fallu une série noire plus meurtrière que les autres pour que l’on révèle que des milliers de cadres administratifs et politiques étaient devenus actionnaires des mines de charbon en échange de certificats de complaisance sur le respect des normes de sécurité et qu’une grande campagne de « nettoyage » soit lancée.

La Chine des 9,4% de croissance a également fermé les yeux trop longtemps sur la dégradation de son environnement, un sujet considéré jusqu’à récemment comme secondaire par rapport à l’objectif principal du développement. La pollution qui se développe dans les grandes villes, la dégradation de la qualité de l’eau, les conflits qui naissent régulièrement autour des grandes installations industrielles, ont déjà alerté les responsables du pays.
Mais on a encore vu dans cette catastrophe de la Songhua que l’agence environnementale chinoise, la SEPA, n’est qu’un tigre en papier, incapable de faire entendre sa voix ou de peser réellement sur les choix. Il y a un réel lobby environnementaliste au sein du pouvoir chinois, qui a réussi à faire passer quelques objectifs ambitieux comme le développement des énergies renouvelables ; mais il y a encore un long chemin à accomplir pour réaliser l’un des slogans actuels en faveur d’un « PIB vert », une croissance du produit industriel brut respectueuse de l’environnement.
La Chine fait son apprentissage de certaines questions qui se réglaient autrefois de manière autoritaire et secrète. Mais dans une société théoriquement plus ouverte, il y a encore trop d’intérêts personnels et politiques en jeu pour que la transparence soit réellement possible. D’autres catastrophes sont donc à craindre avant que la Chine ne s’attaque concrètement au coût de sa folle croissance, pour elle et aussi pour les autres.
Pierre Haski pour Libération



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